Des chèvres vont remplacer les tondeuses
20 biquettes de la race des fossés vont débarquer dans dix jours à Grigny et Viry. Objectif: assurer une tonte naturelle, qui permettra de préserver la biodiversité.
Elles s'appellent Câline, Batman, Acoustique, Ebène ou Biniou. Originaires de Fontenay-lès-Briis, où elles logent actuellement, elles seront le 16 mai les nouvelles habitantes de Grigny et de Viry-Châtillon. Elles, ce sont vingt chèvres, de la race des fossés, qui vont quitter la campagne pour s'installer en ville. Quinze iront à Viry, sur le site de Saint-Clément, situé au-dessus du lycée privé du même nom. Les autres seront logées à deux pas de Grigny 2, aux Cholais, près des terrains de tennis.
Une présence inattendue, au cœur de la cité, qui vise à réintroduire de la nature en ville et à trouver des substituts à la tonte des pelouses: «C’est dans la logique de la réduction des pratiques horticoles que nous mettons en place depuis deux ans, justifie Gabriel Amard, le président (PG) de l’agglomération des Lacs de l'Essonne qui porte ce projet.»
Pendant six mois, petits et grands pourront voir évoluer les chevreaux noir et blanc, leur maman au poil blanc et encore le bouc à la belle robe à poil long, à deux pas de leur appartement. « Les chèvres ont une vocation écologique, mais elles ont un rôle social indéniable. C’est l’occasion pour les habitants de se retrouver autour d'elles et aux générations d'entamer un dialogue. Les bêtes ont un côté apaisant», explique Alain Divo, l’éleveur écopaysagiste de Fontenay-lès-Briis, qui a loué ses chèvres à l’agglo. Mais il faudra être vigilant, préviennent certains élus: «Il faudra mettre des clôtures solides pour assurer la sécurité des animaux dans cette zone sensible.»
Tondre les pelouses, faire le lien avec les habitants... le boulot des chèvres ne s'arrête pas là. Jour et nuit, elles auront pour mission de recréer une nouvelle biodiversité dans ces terrains urbains. «Contrairement à une tondeuse, la hauteur de la tonte par les chèvres n’est pas égale. Ce qui permet à de nouveaux insectes de s'installer. Leurs crottes vont attirer des insectes coprophages qui vont eux-mêmes attirer des oiseaux et ainsi diversifier la faune et la flore», décrypte Alain Divo. «Les chèvres sont friandes de petit-bois. Elles ont une grande efficacité pour contenir les invasions d’arbustes et permettent aux espaces de rester ouverts», rajoute Jean Guittet. Ce spécialiste de la flore en Essonne a réalisé un inventaire des espèces aux Cholais avant l’arrivée des caprins. Il en fera un autre à leur départ, en octobre, puis un autre en avril pour voir l’évolution des plantes, fleurs et insectes. Si le résultat est concluant, les chèvres pourraient alors faire leur retour en ville de manière durable.
Le Parisien
Combien de chèvres seront logées à côté d’un lycée privé Saint-Clément?